- 08 janv. 2025
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Dans ce numéro, nous avons le plaisir de vous présenter une interview exclusive du le talentueux photographe Yves Kortum, qui a immortalisé la dernière séance photo du Tome 20 de Patrice Catanzaro. Découvrez les coulisses de cette collaboration créative et les inspirations derrière ses superbes clichés.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Né en 1969 (l’année érotique), j’ai commencé la photographie par pur hasard et ne quittais plus ma caméra. Je me suis calmé depuis, quand même ! Après un bref passage en 1991 à la Haute école de photographie Le 75 à Bruxelles j’ai décidé de quitter les études afin d'apprendre sur le terrain. J’ai travaillé alors comme assistant dans un studio pendant un an et demi.
À la fin de l'année 1992, je me mets à mon propre compte mais je poursuit ma formation auprès de photographes professionnels.
En 1994 j’ai décidé de partir à Paris et grâce à ma formation et mon oeil, j’ai eu la chance de pouvoir travailler pour l’une des plus grandes agences de mannequins au monde ainsi que de pour nombreux studios de photos sur Paris. Ainsi, je fait la rencontre des grands noms de la photographie dont Patrick Demarchelier, Helmut Newton ou Richard Avedon. En parallèle, j’ai continué à travailler pour mon propre compte et j’ai signé en 1996 ma première couverture du magazine Elle. La même année j’ai décidé de partir vers les pays de l'Est pour rejoindre l'agence pour laquelle j’ai bossé sur Paris.
Les années 2000 marquent mon retour à Luxembourg pour ouvrir mon premier studio. Depuis 2007 je partage ma vie entre Luxembourg et Paris.
Comment décririez-vous votre style photographique en quelques mots ?
Un revival des photographies des années 1980, renouvelées, modernisées avec la technique d’aujourd’hui, remplies de clichés et de dramaturgie.
Quelles influences ou inspirations marquent le plus votre travail ?
Je trouve mes inspirations surtout dans les films noirs des années 1940 à 60. J’adore les clichés mais je les montres à ma façon. J’adore ajouter de la Dramaturgie exagérée, de la féminité exacerbée dans mes images. J’adore les femmes fortes, charismatiques, sûres d’elles, au dessus de l’homme (le sexe fort), et avec beaucoup de sex-appeal et j’y ajoute du rock ‘n’ roll-attitude. Souvent je les montre aussi sensuelles ou fragiles.
La plupart de mes projets personnels, je les joue comme de la musique sur le piano avec des notes en noir et blanc. J’adore les contrastes, les noirs profonds, les blancs clairs. Parfois, aussi, je m’aventure, comme Marco Valdo dans le roman d’Italo Calvino, dans le monde urbain classique et moderne à la recherche de la lumière qui caresse les pierres des immeubles et la peau des mannequins. Je combine tout ça avec de l’inspiration de la vie moderne.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’univers de Patrice Catanzaro et sa collection Tome 20 ?
Je pense j’ai acheté la 1ère jupe en vinyle Patrice Catanzaro il y a 30 ans déjà. J’adore tout ce qui est brillant, pas nécessairement comme fétichiste mais plutôt parce que j’adore les brillances dans mes images, les reflets que ma lumière rejett. Après j’aime les femmes et surtout habillées en Catanzaro. J’aime tout ce qui brille avec des fermetures éclair dans cette nouvelle collection.
Comment avez-vous abordé le shooting pour cette collection en particulier ?
Je l’ai abordé comme d’habitude en repérant les lieux me faisant des idées de ce que j’allais shooter. J’ai écouté le besoin de ma cliente et je me suis inspiré du sujet.
Aviez-vous une vision spécifique en tête dès le départ ?
Je connais Paris par coeur mais j’essaie toujours de dénicher de nouveaux endroits. Mais c’est difficile, car les clients ne viennent pas sur Paris pour shooter dans des petites rues cachées ou près de monuments moins connus. Is veulent toujours shooter sur les lieux touristiques les plus renommés, la vraie façade de Paris. Donc on a fait un mix tout ça.
Quels défis avez-vous rencontrés lors de cette collaboration, et comment les avez-vous surmontés ?
Rien de plus que d’habitude quand je shoote sur Paris. Beaucoup de touristes, beaucoup de traffic, beaucoup d’attente. Malheureusement tout ces facteurs ne nous aident pas dans notre nervosité et les tons étaient parfois un peu plus hauts mais on a cherché une solution au lieu de discuter des problèmes rencontrés. Après, la météo nous a joué un tour, entre alternance de nuages, de soleil et de froid. Les modèles, fatiguées, avaient un jour la chair de poule, et le lendemain, avaient trop chaud car le soleil tapait et elles transpiraient sous les vêtements en vinyle. Il était donc difficile de trouver une vraie ligne conductrice dans toute la série mais je pense qu’au final on a tous faits un beau travail qui remonte le niveau du visuel de la marque Maison Catanzaro comme il se doit et comme elle le mérite.
Y a-t-il une image ou un moment du shooting de cette collection qui vous a marqué et pourquoi ?
La patronne elle-même qui a fait le modèle à la fin :-D
Quelle place occupe les tenues sexy dans la mise en scène et la narration visuelle de vos photos ?
Même en faisant de la beauté ou de la mode, sauf si les clients n’en veulent pas, je rajoute toujours des accessoires plus ou moins sexy comme du vinyle du latex du cuir, des porte-jarretelles et bas.
Comment trouvez-vous l’équilibre entre sensualité, élégance et audace dans vos clichés ?
Je pense que je ne me pose pas trop la question et je le fais naturellement, je m’identifie au le produit et j’utilise à travers mes directions que je donne au mannequin de trouver cet équilibre, il faut dire que parfois ça marche parfois ça ne marche pas et si ça ne marche pas, j’essaye autre chose, mais je m’arrête pas sur quelque chose que je ne trouve pas en tournant en rond. Je trouve un plan B. Je pense aussi que le fait que pendant presque 30 ans, j’ai que fait de la beauté ou de la mode ça m’aide à ce que mes images ne soient pas vulgaires. (en tout cas je pense que mes images ne sont pas vulgaires de mon point de vue).
Selon vous, qu’est-ce qui rend une photo de lingerie véritablement captivante?
Je pense que c’est un travail d’équipe. Un bon photographe doit s’identifier à la marque et aussi aimer ce qu’il photographie. Là, on parle aussi du ou des mannequins, du choix des lieux, de la bonne histoire et de la bonne équipe autour. À la fin on ajoute le plus important dans la photographie, c’est-à-dire la bonne lumière.
Comment travaillez-vous avec les modèles pour capturer à la fois leur confiance et l’essence du vêtement ou de la lingerie qu’ils portent ?
Je regarde toujours comment elles posent Je les laisse faire et après, je commence à les diriger dans la direction que je veux ou dans celle que le client attend pour que la pose soit parfaite et pour voir vraiment bien le vêtement.
Avez-vous des techniques spécifiques pour mettre à l’aise vos modèles dans un contexte de lingerie ou de vêtements sexy ?
Je leur parle avant la prise de vue, je leur parle de mon inspiration, de ce que j’attends et je les guide..
Quand vous regardez votre travail pour cette collection, qu’est-ce qui vous rend le plus fier ?
Avec les conditions de météo, la fatigue, le froid, la chaleur, je pense avoir sorti une belle collection qu’on peut montrer.
Quels conseils donneriez-vous aux marques ou créateurs qui souhaitent collaborer avec des photographes pour sublimer leurs collections ?
Comme je l’ai dit, il faut le bon photographe, une belle image et une belle créativité. Un photographe qui aime la marque et qui sait la mettre en valeur. Après il faut le bon choix des mannequins.
Quels sont vos projets à venir ? Est-ce que vous avez d’autres collaborations dans l’univers de la mode ou de la lingerie ?
Depuis la pandémie, je suis professeur de photographie dans les hautes écoles et je transmets le savoir-faire que j’ai acquis pendant 35 ans comme photographe professionnel en cours d’études supérieures. Sinon, en ce moment je travaille un peu pour la haute couture et des magazines haut-de-gamme.
www.yveskortum.com
Instagram: @yveskortum